Après la victoire au championnat de France début juin, notre équipe « AS Orange Cesson 1 » arrivait gonflée à bloc à Salzbourg pour participer au tournoi Hommes Open, avec la même composition que pour le titre national, à savoir, par ordre décroissant de classement, de niveau et de volume capillaire : Baptiste, Christophe et Jérôme.
La composition des poules nous faisait éviter de rencontrer nos 2 supposés principaux adversaires : le Crédit Agricole Lorraine et les Suisses de Supermagnete.
Notre poule nous voit donc opposés à Airbus Staff Association, Thalès Valence et SG Stern Stuttgart (association sportive du groupe Mercedes Benz).
1er jour
Les 3 rencontres de poules sont programmées sur la journée.
Nous découvrons le club de Freilassing, situé en Allemagne, juste de l’autre côté de la frontière (à 10 minutes de train de Salzbourg).
Le club est très bien. Les courts sont nickels, les vestiaires confortables et le juge-arbitre qui nous accueille est souriant et parle parfaitement anglais (il s’agit d’Aqeel Rehman, joueur n°1 Autrichien et dans le top 120 mondial).
La 1ère rencontre nous oppose à Airbus Staff Association, l’une des équipes toulousaines du groupe aéronautique.
Les 3 matchs ne nous posent pas de difficultés particulières, contre des joueurs très sympas.
La 2nde rencontre, face à Thalès Valence, l’équipe de l’inénarrable Serge Parbaud, ne nous pose pas trop de problèmes non plus (3/0). Là encore, une équipe vraiment cool.
Nous sommes donc déjà qualifiés avant de rencontrer SG Stern. 1ère véritable rencontre internationale, donc, et victoire 3/0 là aussi, dans une ambiance toujours aussi conviviale (malgré notre insistance, nous avons d’ailleurs dû nous résoudre à les laisser payer la bière après le match, contrairement à la coutume qui veut que ce soit les gagnants qui régalent).
2ème jour
Notre quart de finale se joue contre l’équipe Toulouse Padel Club Ghosters.
Malgré les progrès impressionnants faits par leur n°1 (2ème à droite sur la photo) depuis qu’on l’avait croisé à Gand il y a 2 ans, pas vraiment de suspens sur cette rencontre.
Nouvelle victoire 3/0.
Les choses sérieuses peuvent donc commencer, avec les demi-finales.
Le Crédit Agricole Lorraine ayant curieusement perdu en poule contre Comitato Provinciale Casin Milano, ce sont ces derniers que nous affrontons (l’autre demi-finale opposant le Crédit Agricole à Supermagnete).
Ce n’est pas sans un certain plaisir que nous retrouvons cette équipe italienne : non pas que nous ayons d’affinités particulières, mais c’est elle qui nous avait prématurément (et injustement ?) éliminé à Riccione il y a 4 ans.
Même si leur compo a changé (seul un des joueurs de l’époque est toujours là), nous sommes donc avides de revanche !
Baptiste démarre. Leur n°1, grand gaillard pas très souriant mais jouant bien au squash, est rapidement dépassé. 11/1 dans le 1er jeu.
Notre ado se relâche dans le 2ème, un peu perturbé par les nombreuses demandes de décisions de son adversaire, mais il réussit quand même à boucler l’affaire en 2 jeux (11/9).
Christophe enchaîne contre Javier Lessona, le joueur qu’il avait rencontré (et battu) à Riccione.
On a déjà connu notre maestro plus saignant, mais là aussi, le match ne fait pas de pli : 2/0.
Nous sommes donc déjà qualifiés pour la finale lorsque j’affronte Brenno Zuccarello, le capitaine et le joueur le plus avenant de l’équipe italienne.
Le match est assez serré. Mon adversaire a une très bonne technique ; il joue un squash propre et est très efficace côté coup droit. En revanche, j’ai remarqué qu’il n’était pas hyper rapide. Je joue sérieux et, bien coaché par Baptiste, tente d’accélérer le rythme. Je l’emporte 2/1. Une victoire qui donne confiance pour la suite.
Pendant ce temps-là, nos camarades Lorrains réussissent à se défaire de SuperMagnete dans une rencontre de haut vol.
Ce sont donc eux que nous retrouverons demain, pour un remake de la finale des championnats de France.
C’est fini pour aujourd’hui. Un bon coucher tôt, en vue d’être frais et dispo pour ce gros match.
3ème jour
L’ordre des matchs 1-2-3 s’appliquant pour tout le tournoi, c’est Baptiste qui démarre cette finale.
En revanche, nouveauté par rapport aux tours précédents : nous jouons maintenant en 3 jeux gagnants.
Jamais à court d’idées innovantes, nos adversaires nous ont concocté une petite surprise en arrivant aux Jeux, puisque leur n°1 n’ayant pu se déplacer, ils ont dû trouver un 3ème joueur en dernière minute.
Et, heureux hasard, seul Romain Bouger, n°30 français, était disponible…
Heureusement, celui-ci est très sympa !
Pas grave, se dit-on, Baptiste progressant jour après jour, on le sent capable d’aller jouer à ce niveau-là.
Et c’est du reste ce qui se produit.
Il empoche le 1er jeu.
Chaque point est accroché, avec deux joueurs qui évitent à tout prix la faute directe. Un peu de marge sur les attaques, donc, mais quels jeux de défense !
Il reste que c’est un schéma de jeu qui convient plus à Romain qu’à Baptiste et le joueur du CA gagne donc les 2 jeux suivants.
Baptiste refuse néanmoins de lâcher prise, malgré la chaleur et la fatigue.
Il égalise à 2 partout.
Le dernier jeu est de tout beauté, bien que les 2 joueurs soient sur les rotules.
C’est Romain qui finit par l’emporter, 11/9, non sans que Baptiste ait sauvé 2 balles de matchs.
Notre gamin est éreinté et déçu. Il est allé puiser loin dans ses réserves.
On peut juste se demander s’il n’aurait pas eu intérêt à prendre un tout petit peu plus de risque en attaque.
Mais il n’a que 16 ans et il a prouvé qu’il valait maintenant ce niveau de jeu : 1ère série, Top30 national.
Il y a 6 mois, Romain le battait 3/1. Aujourd’hui, ça se joue à 2 points au 5ème jeu. La prochaine fois sera la bonne !
Christophe retrouve Gilles Petitjean, qu’il avait battu sans trop de difficultés il y a 3 semaines.
Et le même scénario se reproduit : notre maestro est patient et attend la faille avant de placer volée amortie ou double mur. Très peu de faute et un jeu précis, donc, ce qui lui permet de nous remettre à égalité 3/0.
Voilà, on y est…
Pour la 1ère fois du tournoi, je vais jouer le match décisif.
Mais je suis assez serein. Je sais que je peux le faire.
Comme au championnat de France, mon adversaire est Jean-Christophe Didelot.
JC a un jeu particulier. Une prise de raquette à plat, complètement improbable, en coup droit comme un revers. Une technique qu’on qualifiera donc d’original.
Et une envergure incroyable, qui lui confère de grosses capacités en défense. Contre lui, il faut parfois gagner le point deux fois plutôt qu’une.
L’ambiance est exceptionnelle : c’est le dernier match du tournoi et je dirais qu’il y a une centaine de personnes derrière la vitre. Une grosse majorité nous encourage, animée par un Chris en feu.
A cela, 2 explications selon moi : d’une part, le gros contingent de joueurs de l’AS Orange Cesson (16, précisément), renforcé par une bonne partie de notre équipe de badminton (merci à eux d’être venus nous supporter), et d’autre part, l’attrait de la nouveauté sans doute, qui malheureusement pour nos adversaires du jour, nous confèrent un léger capital sympathie supplémentaire.
Le match démarre. Il fait une chaleur à crever.
Baptiste me coache. Tactiquement, il m’a dit de mettre du rythme et du poids dans la balle. L’objectif est de dépasser mon adversaire sur son revers au fond du court. Vous me direz que c’est la tactique qui marche avec 90% des joueurs, mais il se trouve que j’aime bien jouer sur l’avant du court (intercepter en volée, abuser des amortis et des doubles-murs, tenter des coups gagnants foireux, etc.) ; bref, sur le plan tactique, j’ai un peu l’habitude de jouer n’importe comment et en tout cas sans tenir vraiment compte du jeu de mon adversaire. Je réussis cependant à me concentrer sur les consignes du gamin.
J’empoche ainsi le 1er jeu (plutôt serré, il me semble, mais j’ai oublié le score).
Les copains exultent quand je sors du court, mais je n’y prête pas attention. Je file avec Baptiste m’asseoir là où je pense être l’endroit le plus frais, juste à côté de la porte d’entrée du club, pendant que Chris continue de chauffer la salle. On est concentrés (« on est focus », comme disent les jeunes). Baptiste me dit qu’il faut continuer comme ça, rester sur le schéma de jeu qu’on a discuté.
Grâce à ça, je remporte également le 2ème jeu.
A chaque point gagné, j’entends les cris et les vuvuzelas, mais je m’interdis de (trop) regarder derrière la vitre (enfin… sauf un petit clin d’œil à Philou suite à un retour de service nick).
2/0, ça commence en tout cas à sentir bon.
Le club est une étuve, mais je me sens plutôt bien. Et surtout, j’ai l’impression que JC est plus fatigué que moi.
Le 3ème jeu est plus décousu. Je perds un peu en longueur de balle et j’ai un petit coup de mou en milieu de jeu. JC en profite pour réduire l’écart. 2/1.
Baptiste me rassure : « il est mort ; tu es au-dessus, techniquement et physiquement ; plus l’échange dure, plus tu as de chance de le gagner parce qu’il fait des fautes ».
Je rassemble les quelques forces qui traînent encore par là et j’y retourne.
Le 4ème jeu est très disputé. J’ai l’impression que le niveau technique n’est pas extra, mais on s’arrache sur toutes les balles. Aucun des deux ne veut lâcher.
On arrive à 9 partout.
Et là, 2 fautes directes de JC m’offrent le match.
Il était en effet sans doute plus fatigué que moi…
C’est de la folie !
A ce moment-là, je suis super ému et fier d’avoir répondu présent et apporté ce point décisif à mes 2 coéquipiers.
Comme je l’ai déjà dit, ils nous tirent vers le haut, donc pour une fois, c’est bien que ce soit moi qui ait fait gagner l’équipe.
La suite n’est que du plaisir : je me souviendrai longtemps de la joie de tous les squasheurs Orange, des sourires et des bravos de Daniel, Marie-Pierre, Sébastien, Olivier, Patrick, Michael et plein d’autres, de cette dame Allemande qui est venue m’embrasser comme du bon pain et m’offrir une bière juste à la fin de mon match, du respect dans le regard des gars de Supermagnete, de la vidéo selfie de Baptiste au moment de la remise des prix, etc.
Comme dit le gamin, on remet ça quand vous voulez !!
La bise à tous.
Jérôme